LA GENÈSE, LES MIRACLES ET LES PRÉDICTIONS SELON LE SPIRITISME

Allan Kardec

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2.- Le peu d'étendue des voyages, qui dépassaient alors rarement les limites de la tribu ou de la vallée, ne pouvait permettre de constater la sphéricité de la terre. Comment, d'ailleurs, supposer que la terre puisse être une boule ? Les hommes n'auraient pu se maintenir que sur le point le plus élevé, et en la supposant habitée sur toute la surface, comment auraient-ils pu vivre dans l'hémisphère opposé, la tête en bas et les pieds en haut ? La chose eût paru encore moins possible avec un mouvement de rotation. Quand on voit encore de nos jours, où l'on connaît la loi de gravitation, des gens relativement éclairés ne pas se rendre compte de ce phénomène, on ne doit pas s'étonner que les hommes des premiers âges ne l'aient pas même soupçonné.

La terre était donc pour eux une surface plate, circulaire comme une meule de moulin, s'étendant à perte de vue dans la direction horizontale ; de là l'expression encore usitée : Aller au bout du monde. Ses limites, son épaisseur, son intérieur, sa face inférieure, ce qu'il y avait au-dessous, c'était l'inconnu[1].


[1]«La mythologie hindoue enseignait que l'astre du jour se dépouillait le soir de sa lumière, et traversait le ciel pendant la nuit avec une face obscure. La mythologie grecque représentait le char d'Apollon traîné par quatre chevaux. Anaximandre, de Milet, soutenait, au rapport de Plutarque, que le soleil était un chariot rempli d'un feu très vif qui se serait échappé par une ouverture circulaire. Epicure aurait, selon les uns, émis l'opinion que le soleil s'allumait le matin et s'éteignait le soir dans les eaux de l'Océan ; d'autres pensent qu'il faisait de cet astre une pierre ponce chauffée à l'état d'incandescence. Anaxagore le regardait comme un fer chaud de la grandeur du Péloponèse. Singulière remarque ! les Anciens étaient si invinciblement portés à considérer la grandeur apparente de cet astre comme réelle, qu'ils persécutèrent ce philosophe téméraire pour avoir attribué un tel volume au flambeau du jour, et qu'il fallut toute l'autorité de Périclès pour le sauver d'une condamnation à mort et commuer celle-ci en une sentence d'exil. » (Flammarion, Etudes et lectures sur l'astronomie, page 6).

Quand on voit de telles idées émises au cinquième siècle avant l'ère chrétienne, au temps florissant de la Grèce, on ne peut s'étonner de celles que se faisaient les hommes des premiers âges sur le système du monde.

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